Réouveture Penne - Villeneuve sur Lot

La région s'engage pour la voie Agen - Villeneuve


Pendant l'inauguration de la gare de Monsempron, on a beaucoup parlé de la liaison Villeneuve-Agen via Penne.



«Banco, on reprend le dossier avec la SNCF. Le succès est tel que l'on peut prendre cette audace ». Et se retournant vers les partenaires départementaux et Villeneuvois, Alain Rousset glissa « on y va ». Les chiffres donnent raison au Président du Conseil Régional, « de 2002 à 2008, sur 5 lignes à l'ouest et au sud-ouest de Bordeaux, 71 dessertes ont déjà été créées, soit près de 20 % d'offre en plus. Dans le même temps, la fréquentation a augmenté de plus de 30 %, démontrant ainsi l'efficacité de la politique menée par la région en faveur du TER Aquitaine. »
« DÉSENCLAVEMENT »


Avant lui, il est vrai, tous les intervenants lors des traditionnelles prises de parole succédant à une inauguration, avaient montré la voie. C'est Jean-Jacques Brouillet, qui le premier lança le sujet… sur les bons rails. Heureux de voir « sa » gare rénovée et heureux de l'augmentation du nombre de rotation vers Agen, le maire de Monsempron-Libos rappela qu'il y avait là un outil pour le désenclavement, « surtout à une période où le démantèlement industriel fait souffrir notre territoire ». Mais il fut le premier de tous les orateurs à expliquer aussi combien il était important que soit rénovée la liaison Villeneuve-Penne. « Ce n'est pas une utopie, c'est une nécessité ».
Et il rêva avec ses mots à lui de « maire poète » du jour où l'on pourra faire le trajet Fumel-Villeneuve en train.
Jean-Louis Costes, au nom de la communauté de communes du Fumélois, salua lui aussi le partenariat entre la SNCF et les collectivités locales qui permet par exemple à la SNCF de constater une augmentation de 36 % du taux de remplissage.
« UNE ÉTUDE DE RÉALISATION »


Pierre Camani, président du conseil général, saluant le volontarisme du président Rousset, nota que « le désenclavement était un enjeu majeur de développement local ». Il fut le premier à faire naître l'espoir chez les adhérents de l'association des usagers du train en expliquant : « Nous souhaitons que soit lancée une étude de réalisation sur la rénovation de la ligne Villeneuve-Agen. Vous avez le soutien du Conseil Général ».
Jérôme Cahuzac, finalement, salua la volonté exprimée et se plut à « rêver d'une cérémonie similaire dans les 3-4 ans, l'inauguration d'une gare à Villeneuve. Nous demanderons alors à la SNCF de réserver un siège à vie à Gérard Barrière » (N.D.L.R. : le président de l'Association des usagers des transports).
Ce dernier, hier, devant la rame baptisée « Monsempron-Libos » et qui s'élança vers Agen, se plaisait à rêver à haute voix, avant l'intervention d'Alain Rousset, « Verra-t-on un jour à Villeneuve une telle manifestation ? » Oui, sans doute.
Il faudra alors puiser dans l'enveloppe du contrat de projet Etat-Région, 2007-2013 qui dégage 676 millions d'€ pour le ferroviaire et 146,5 millions d'€ pour la régénération des lignes secondaires.
La rénovation de la gare de Monsempron-Libos, c'est un investissement de 300 000 €. La rame qui porte désormais le nom de « Monsempron-Libos » coûte 1,6 million d'€.

FINANCES. Combien coûterait la réouverture de Villeneuve-Penne ? Les avis divergent

Train : la bataille des chiffres est sur les rails



Sept petits kilomètres et des poussières pour cinquante millions d'euros... Depuis que la réouverture de la voie ferrée entre Villeneuve et Penne-d'Agenais a été inscrite au Schéma régional des infrastructures et des transports, les commentaires vont ... bon train.


Si l'opposition municipale a déjà montré des réticences à l'annonce de l'enveloppe, voici que l'Association des contribuables villeneuvois, qui a en son temps torpillé un projet de parking souterrain, vient gonfler les rangs des sceptiques. Elle a, par la plume de Robert Valla, écrit au président de la Région Alain Rousset : « La réouverture de la ligne Villeneuve-Penne présente à nos yeux un coût exorbitant. 350 voyageurs empruntent quotidiennement les bus TER sur le parcours Villeneuve-Agen, dont 60 % au départ de Villeneuve. Le coût du voyage en car est de 5,70 euros, celui du train Penne-Agen de 5,10 euros. Si la ligne Villeneuve-Penne est mise en service, le coût du billet ne devra pas excéder 60 centimes, soit une recette journalière de 126 euros pour 210 passagers. À qui fera-t-on croire que le déficit ne sera pas considérable avec une telle recette journalière ? » se demande l'association, avant de poser la question de l'engagement de chaque collectivité, et à quelle hauteur.

Démonstrations

La démonstration chiffrée paraît implacable. Même si elle oublie la question du coût environnemental du bus par rapport au train (et oui, c'est un argument auquel il faudra de plus en plus songer), et surtout celle d'une éventuelle progression du nombre de Villeneuvois qui choisiraient le train si celui-ci venait à s'installer près de chez eux. Mais dans ce dossier, les plus sceptiques ne sont pas forcément toujours où l'on croit.

Partisan du rail, Jacques Valadié doute lui aussi du chiffre de 50 millions. Sans doute le président du Collectif de défense de la ligne Agen-Périgueux n'ignore-t-il pas que la multiplication des zéros peut facilement effrayer le contribuable. En mars dernier, il avait d'ailleurs interpellé Jean-Louis Carrère. « On s'est surtout étonné de voir que Villeneuve-Penne est prévue pour 50 millions d'euros quand Oloron-Bedous, qui fait 25 km, est inscrite pour 30 millions... »

17 ou 50 millions ?

Du coup, le Collectif s'est aussi fendu de savants calculs, sur la base des études publiée il y a dix ans. « On ne s'est pas contentés de convertir les francs en euros. On a pris en compte l'inflation aussi », explique Jacques Valadié, qui arrive à un retour du train sur Villeneuve pour la modique somme de 17,74 millions d'euros. Loin, très loin des estimations de la Région, que Jean-Louis Carrère explique par ailleurs (lire ci-dessus). Mais le vice-président du Conseil régional promet surtout que la collectivité ne s'engagera pas sans « sans savoir où elle va ». Il espère, d'ailleurs, une réactualisation des estimations de la part de Réseaux ferrés de France (RFF) d'ici la fin de l'année. Viendra ensuite le délicat montage financier, avec la part que chacun est prêt à mettre sur la table. Sur ce point, Jean-Louis Carrère ne semble pas trop compter sur l'État ou RFF. De quoi alimenter bien d'autres débats...